[la fibre technique #39]
Le cyclage thermique

Vous connaissez l’histoire du câble optique qui a grimpé les sommets enneigés, après avoir traversé le désert ? Je vous raconte
La vie d’un câble peut être un long fleuve tranquille. Encore faut-il avoir vaillamment passé quelques tests ! La méthode F1 de la norme CEI 60794-1-209:2024 définit les procédures d’essai à utiliser pour soumettre les câbles optiques de télécommunications et les câbles comportant une combinaison de fibres optiques et de conducteurs électriques, à des cycles thermiques.
L’objectif :
tester la capacité du câble à résister aux effets de ces cycles en observant les changements d’atténuation
évaluer la stabilité des performances optiques face aux variations de température
La CEI 60794-1-209:2024 annule et remplace partiellement la CEI 60794 1 22:2017 avec pour évolution principalesque :
cette nouvelle norme définit comment faire l’essai
mais ne spécifie plus les valeurs de températures de cyclages et les atténuations limites.
Dans la procédure, on réalise d’abord une mesure initiale pour calibrer les caractéristiques (atténuation, dispersion) des fibres optiques et enregistrer les valeurs de références. Puis on « pré-conditionne » les câbles en les soumettant à des cycles thermiques en chambres de chauffage/refroidissement, répétés plusieurs fois. Ensuite on les conditionne en continuant les cycles jusqu’à un nombre prédéfini et en suivant les performances optiques. Enfin, on compare les valeurs obtenues avec celles de référence, et si les performances restent stables, les fibres sont considérées comme fiables.
Le conditionnement enroulé permet de mesurer de grandes longueurs ce qui induit une précision importante dans la mesure de la variation optique. Il admet aussi la réflectométrie et permet l’analyse du comportement des fibres.
Mais il faut pouvoir relâcher les contraintes pour laisser le câble libre de ses mouvements et anticiper ainsi les variations dimensionnelles dans les températures basses (contractions). Attention toutefois aux rayons de courbures : j’ai vu des tourets craquer sous contrainte de rétraction de câbles, c’est impressionnant !
Pour appréhender le comportement du câble les essais pourront donc se pratiquer via essais successifs avec des températures différentes ou essais à paliers cumulées. En sachant que les résultats ne seront pas les mêmes : attendu qu’à l’intérieur d’un même type d’essai, le 1er cycle est toujours meilleur que le 2nd
En fonction du câble -extérieur ou intérieur- l’idéal sera donc de pratiquer les essais avec des températures différentes :
de -40 à +70 °C pour simuler les conditions de stockage
-40, -10, -5, 0, 10°C
et +70°C
, avec un seuil de variation sur l’atténuation pour simuler le comportement en opération.
La méthode et le type d’essai pratiqué, ainsi que le conditionnement utilisé sont cruciaux pour juger de la performance thermique des câbles. Alors, prêts à passer les vôtres au grill ?