[la fibre technique #38]
Le vieillissement des câbles

Est-ce qu’on vieillit mieux au soleil ? Mon parcours et mes origines font que je ne me prononcerais pas 😉 sur cette question. Par-contre je peux vous raconter le rapport qu’il existe entre température et vieillissement, des câbles 🧵

Et dans cette relation, une loi sert de référence : la loi d’Arrhenius, très utilisée en chimie.

Or si Arrhenius nous dit que « plus la température est grande, plus la cinétique d’une réaction est grande », son application directe en matière d’essais sur le vieillissement des câbles est compliquée. Pourquoi ? Parce que la température ne doit pas dégrader la structure du câble, qui comprend différents composants réagissant tous différemment à cette température 🌡

Si la fibre de verre se transforme autour de 2000°C, ce n’est pas le cas des revêtements de protection, les coatings. De fait, la limitation de température pour les fibres optiques Télécoms est fixée à 85°C.

Les plastiques de gainage eux sont transformés entre 100 et 250°C. À ces températures, les plastiques deviennent visqueux et perdent leurs propriétés mécaniques. Voilà pourquoi la température de vieillissement des câbles à fibres optiques Télécoms, est limitée à 70°C. : une température suffisamment haute pour ne pas dégrader la structure mécanique du câble, et qui fait toutefois apparaitre des phénomènes thermochimiques sur de longues durées.

L’autre paramètre d’Arrhénius, c’est le temps. Sauf qu’on n’a pas le temps d’attendre 20 ans que le câble vieillisse naturellement ! Ni que le fût du canon refroidisse (Vous l’avez ? Fernand Reynaud 😂)

Plus sérieusement, pour caractériser le vieillissement d’un câble à fibre optique, on le place donc sur son touret (plusieurs centaines de mètres) dans une enceinte climatique à 70°C :

👉En chaleur sèche, parce qu’il a été démontré que l’humidité avait peu d’influence sur les résultats de vieillissement du fait que plastiques extrudés et solutions additionnelles d’étanchéité constituent des barrières à l’humidité.

👉Pendant 14 jours, car lorsqu’on parcourt la littérature scientifique, cette durée est très souvent usitée et citée.

Durant cet essai -préalable à tout essai mécanique- les fibres sont monitorées : on suit en continu les variations de l’atténuation linéique et/ou de pertes par insertion. Mais cet essai permet-il de garantir que le câble va bien vieillir une fois déployé ?

A ce jour, je ne sais pas corréler le résultat de l’essai avec la durabilité réelle du produit. Mais l’expérience prouve que si le câble passe les sanctions de cet essai, alors tout se passera pour le mieux et que s’il ne s’est rien passé pendant la première semaine, alors la probabilité est forte que les performances mécaniques soient conservées au bout des 14 jours.

Ce qui permet à la fois de raccourcir le temps de l’essai, de réduire la mobilisation de chambres climatiques et de limiter la fabrication d’échantillons : bref, trois bonnes manières de baisser les coûts en minorant les risques 😊

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