[la fibre technique #41]
Comportements en essais et en réalité

Vous vous êtes déjà posé la question de l’adéquation entre l’essai -la torture que nous faisons subir à nos produits- et la réalité de ce qu’ils subiront dans leur vraie vie ?
Moi oui, souvent. Je me demande :
⏚ si je n’en fais pas un peu trop
⏚ si les marges de conception que je prends par habitude ne sont pas nuisibles en termes de coût
⏚ quel est l’impact sur la durée d’usage et/ou l’espérance de vie du produit.
Autant d’informations difficiles à obtenir à moins d’instrumenter sur le terrain.
Car autant certaines notions sont simples à caractériser pour les essais :
⇥ En fonctionnement : le vent, la neige, la charge en traction…
⇥ et à l’installation : écrasement du câble sous une roue, sous le pied d’un installateur, etc.
Mais dès qu’on aborde des phénomènes répétitifs, sur de très longues durées ou les deux, cela devient touchy :
▶️ Une exposition aux UV : 300h, 1000h ? En continu ou en discontinu ?
▶️ Une exposition aux températures : petite ou grande variation thermique ? Rapide ou lente ?
▶️ Vibrations : haute fréquence faible amplitude ou faible fréquence grande amplitude ?
Ce sont des questions auxquelles nous -concepteur de produit- nous répondons :
✳️ en choisissant de pratiquer tel ou tel essai dans telle ou telle condition
✳️ en se référant à l’état de l’art
✳️ par analogie de produits ayant peu ou prou les mêmes fonctionnalités
✳️ voire même par habitude, pour vérifier qu’il n’y aura pas de problème !
Mais l’essentiel c’est de savoir si le jeu en vaut la chandelle 🕯 Car dans nos entreprises s’impose un équilibre savant entre temps et coût de développement, résultats économiques et contribution aux connaissances.
De fait, pour compenser un peu :
➡️ on utilise des outils numériques, la simulation, les éléments finis
➡️ et on saucissonne les problématiques pour les décomposer en éléments simples.
Ces méthodes donnent des résultats fiables dans le domaine des déformations élastiques et plastiques. Mais un câble à fibre optique met en œuvre un set de constituants et composants différent, avec des lois de comportement différentes qu’il faut anticiper sur le comportement global. Trop simple sinon 😉
Ces limitations encouragent une autre méthode qui utilise les fibres optiques déployées pour capter les informations des milieux traversés par le câble qui les contient et les transmettre sans perturber les transmissions de données. Ou à réserver quelques fibres de ces câbles spécifiquement à cet usage.
Cette option offre une connaissance des routes empruntées, des câbles déployés, une surveillance du réseau et une maintenance prédictive. Elle permet aussi, dans les cas favorables l’allongement des durées d’exploitation et l’organisation de la maintenance du réseau physique. L’historisation des données pouvant quant à elle contribuer à l’enrichissement de l’état de l’art.
A bien y réfléchir, ne serait-ce pas là une autre manière de valoriser les investissements consentis ? 😉