Décarbonation - réduire notre empreinte écologique
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Réflexions | Décarbonation, réduire notre empreinte écologique

Dans les années 2000 arrivait la thématique du développement durable dans les entreprises.

Selon les définitions usuelles, ce développement doit répondre aux besoins présents sans compromettre les capacités de générations futures à répondre aux leurs. Il s’agit donc bien de créer de la richesse en consommant le moins d’environnement possible et en contribuant au progrès social (interne et externe). Un véritable équilibre à trouver !

Le développement durable

Deux indicateurs ont été mis en place pour mesurer/évaluer le développement durable :

  • L’empreinte écologique exprimé en ha/habitant, celle la même qui également définit le jour du dépassement à l’échelle de la planète. En 2022, le jour du dépassement a eu lieu le 28 juillet.
  • L’indice de développement humain, qui combine l’espérance de vie à la naissance, le savoir ou niveau d’éducation et le niveau de vie. Ce dernier indicateur inclue le PIB par habitant, et par conséquent la performance économique.

Le graphe ci-dessous présente la position des différents pays en fonction de leur IDH en abscisse et de l’empreinte écologique de leur population en ordonnée.

Si de développement durable considère un IDH supérieur à 0,8 et une empreinte écologique à 1,8 ha/habitant, alors nous distinguons clairement que le chemin à parcourir pour rentrer dans l’ère du développement durable. Les pays en voie de développement doivent augmenter leur IDH sans modifier leur empreinte écologique, et les pays dit industrialisés doivent réduire leur empreinte écologique.

Indice de Développement Humain 2006 Source : WWF/PNUD/servimg.com
Source : WWF/PNUD/servimg.com

De nombreuses pistes sont envisagées, et la décarbonation des états, des entreprises est une piste parmi les plus importantes.

Quelle contribution de notre industrie du câble, comment faire alors ? Agir

Un outil, l’analyse de cycle de vie

Bien sûr, les solutions techniques, nous les connaissons et nous les avons !

  • Réduire les échappements (transport, usines, …),
  • Réduire les consommations d’énergie,
  • Réduire le poids des produits,
  • Optimiser les volumes,
  • Augmenter la compacité et/ou la densité
  • Utiliser des produits, matériaux et composants plus vertueux

Et pour rien oublier et traiter l’ensemble des facteurs combinés, l’analyse du cycle de vie des produits est l’outil le plus important. Cette démarche, normalisée par l’ISO14040, prend donc en compte toutes les phases de vie du produit, depuis l’extraction des minerais jusqu’à la mise au rebut du produit.

Le cycle de vie du produit
Le cycle de vie du produit Source : www.jardinbio-etic.fr

Les contraintes mécaniques :

Et avant même d’utiliser les bases de données des logiciels de simulation, permettant de calculer les impacts environnementaux, la méthodologie impose la définition de l’unité fonctionnelle du produit et re-suscite donc le questionnement sur la fonction et l’utilité du produit à développer, ainsi que sur la durée d’usage. “Quoi ? Combien ? Comment ? Combien de temps ? « 

Dans le cadre de développement de gammes complètes de produit, elle réinterroge aussi sur la répartition des flux produits.
Bref, il s’agit de répondre aux questionnements :

  • De quoi ai-je besoin réellement ?
  • Faut-il céder à la surenchère technique ?
  • Ai-je vraiment besoin d’un produit pour couvrir 100% des applications, le Pareto 80/20 n’est-il pour finir suffisant ?

Dans les process de conception produit, les données sont a priori présentes, l’analyse s’appuie sur les interactions entre le concepteur et l’utilisateur, les études marketing, et l’analyse fonctionnelle du produit.

Donc l’unité fonctionnelle est la base de comparabilité de la performance environnementale des produits. Dans les faits, la définition de l’unité fonctionnelle, commune à une catégorie de produit, permettra davantage de comparer la performance environnementale de l’usage du produit plus que le produit lui-même.

Par exemple,

  • Dois-je utiliser un crayon de bois ou stylo BIC® pour copier mes 1000 lignes « je prends soin de mon environnement et je trie mes déchets ! » ?
  • Le train, la voiture ou l’avion, pour me déplacer du vieux port à Marseille au Grand Palais à Paris ?

ACV, Catégorie de produit, règle spécifique

Logo association PEP ECOPASSPORT

Dans le monde du câble de télécommunication à fibre optique, l’unité fonctionnelle a été définie par un groupe d’expert réuni au sein du comité technique de l’association PEP ECOPASSPORT, et s’exprime de la manière suivante :

« Transmettre un signal de communication sur 1m, à une longueur d’onde de 1310 nm pour une fibre optique mono pendant 20 années et à un taux d’utilisation de 100%, en conformité avec les normes en vigueur. (…) La durée et le taux d’utilisation correspondent à l’application Réseaux Telecom (fixe et mobile) telle que définie dans le tableau » en Annexe du document de référence.

Plus encore, cette association dès 2012 a mis en place des documents techniques de référence permettant de préciser les hypothèses de calcul de l’analyse multicritère de l’analyse du cycle de vie, en définissant une catégorie de produit équipements électriques, électroniques et de génie climatique, et les règles associées (PCR, Product Category Rules) ainsi que des règles ou hypothèses de calcul spécifique (PSR, Product Specific Rules) à des sous familles (18 à date) dont les fils, câbles et matériels de raccordement (PSR001). Ce sont sur ces bases que la comparabilité des impacts environnementaux est obtenue en fonction de l’usage des produits.

Impacts environnementaux

Le processus d’ACV permet de calculer un ensemble d’impacts sur l’environnement qui peuvent se regrouper autour des indicateurs d’impact environnemental et de l’utilisation/génération de ressources. Le tableau ci-dessous détaille les différents indicateurs dans les deux familles

Indicateurs d’impact environnemental

  • Contribution au réchauffement climatique, en kg CO 2 éq.,
  • Contribution à l’appauvrissement de la couche d’ozone, en kg CFC-11 éq.,
  • Contribution à l’acidification des sols et de l’eau, en kg SO 2 éq,
  • Contribution à l’eutrophisation de l’eau, en kg (PO4) 3- éq,
  • Contribution à la formation d’ozone photochimique, en kg C2 H 4 éq,
  • Contribution à l’appauvrissement des ressources abiotiques – éléments, en kg Sb éq,
  • Contribution à l’appauvrissement des ressources abiotiques – combustibles fossiles, en MJ.

Indicateurs d’impact environnemental
Utilisation/génération de ressources

  • Utilisation totale d’énergie primaire durant le cycle de vie, en MJ,
  • Volume net d’eau douce consommée, en m3
  • Indicateurs détaillant l’utilisation des différentes ressources d’énergie primaire, d’origine renouvelable ou non, utilisées ou non en tant que matière première,
  • Indicateurs décrivant l’utilisation des ressources d’énergie et de matières secondaires (issues par exemple de la combustion, …)
  • Indicateurs décrivant les catégories de déchets éliminés (dangereux ou non, radioactifs ou non, …)
  • Indicateurs décrivant les flux sortants (composants destinés à la réutilisation, matières à recycler, matières destinées à la valorisation énergétique, …)

20 ans après le lancement du développement durable dans les entreprises, ces dernières se lancent pleinement dans la décarbonation, annonçant des réductions d’émission de CO2 et une neutralité Carbone (Compensation). (Insérer quelques exemples)
Et nous constatons, qu’en matière de réduction de l’impact environnemental, la réduction des émissions de CO2 est certes un indicateur important. Au vu des différents indicateurs, pour autant l’emporte t’il sur les autres ? En poussant le raisonnement plus loin, est ce que la recherche de la performance, minimisant au maximum les impacts sur l’effet de serre, nous donne le droit de dégrader les autres indicateurs ? le focus sur le CO2 n’occulte t’il la perception des autres impacts de nos développements.

L’analyse multicritère permet, quant à elle, de prendre en compte tous les critères, et certains industriels, pionniers dans l’utilisation de l’ACV, tels qu’ACOME, LEGRAND, PRYSMIAN, NEXANS, et d’autres, positionnent les impacts calculés sur les branches d’un radar et cherche à réduire la surface totale du radar tout en imposant au plus une non-variation sur une ou deux branches

Source : ACOME Inside, connexion makers, #2 transition carbone, 10/2021
Etude d’impact sur deux générations de câble Source : ACOME Inside, connexion makers, #2 transition carbone, 10/2021
Etude d’impact sur différents conditionnements de câble

Par exemple, le schéma de gauche ci-dessus est le résultat d’une étude d’impact sur deux générations de câble contenant 72 fibres optiques destinés à être installé en conduite. Sur tous les axes, les différentes contributions sont réduites. Si l’impact CO2 est réduit de 20%, les pollutions de l’eau, la consommation d’énergie sont aussi réduites.

Le schéma de droite résume les impacts de différents conditionnements pour un câble à paires cuivre. Cette étude démontre par exemple que le conditionnement grande quantité sur touret (1000m) est plus avantageux qu’un touret de 500m d’un point de vue environnement mais considérant l’usage et les déchets, la boite de 305m (1000ft) réduit considérablement l’impact.

D’autres exemples sont notables en matière de conditionnement, opérés par les fournisseurs d’Orange sur les câbles de branchement double gaine L1084, Prysmian, Acome, Telenco.

Sur la période 2020-2022, grâce à la maitrise des conditionnements, le nombre de km transporté par palette est passé de 6 km, à 9 puis 12 km, dans le même encombrement total (1200x800x1200mm). L’augmentation de la densité de câble sur la palette contribue bien entendu à la réduction de l’impact transport. Mieux encore, les quantités stockées sont doublées, il n’y a donc pas nécessité à construire de nouvelles surfaces de stockage.

Et c’est bien là tout l’enjeu de la réduction de notre empreinte écologique. Dans cette optique, la vraie force des industriels de notre secteur est une prise de conscience de cet objectif :

  • La construction de texte de référence et la mise à jour régulière des textes de référence en est une preuve,
  • les exemples sont nombreux : ceux cités, mais d’autres moins visibles, comme les fabricants de machine d’extrusion qui proposent des solutions moins énergivores, les fabricants de matériaux qui introduisent une part de matériaux recyclés.

Conclusion

Il y a comme une urgence à lutter contre le réchauffement climatique et favoriser la réduction de notre empreinte environnementale.

Nous avons les textes, les outils de simulation, cela n’est probablement encore parfait mais ils existent. Cela nous permet de comparer avant et après et de nous engager dans un process vertueux de réduction des impacts environnementaux, Et Pas uniquement le CO2

Toutes les actions, toutes les améliorations sont bonnes à prendre, tout ce qui est pris n’est plus à prendre, …Aussi la réduction des emballages, l’optimisation de la quantité de produit transportés, le reconditionnement de produits, le sourcing local, la production proche de nos clients, sont autant de solutions qui contribuent positivement, à notre niveau, de notre empreinte écologique.

Tout cela a forcément un impact économique sur les produits, mais n’est-ce pas le prix à payer pour initier la rémission de notre planète malade… ?

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